1 Signalé le 24 novembre en Afrique du Sud, le variant Omicron est présent dans au moins 89 pays.
2 La contagiosité, la virulence et la résistance au vaccin de ce variant sont en cours d’analyse. Selon l’Organisation mondiale de la santé, Omicron semble se transmettre plus facilement que les autres variants.
3 Pour se protéger, il faut respecter les gestes barrières, même quand on est vacciné. Depuis fin novembre, tous les adultes sont concernés par la dose de rappel du vaccin (5 mois après la dernière injection).
4 Au 18 décembre, 91 % des Français de 12 ans et plus (soit 52,5 millions de personnes) avaient reçu au moins une dose, selon le ministère de la Santé. Cela représente 77,9 % des 67,4 millions de Français.
Un survivant du Covid-19 témoigne des séquelles de son coma artificiel à l’hôpital et de son combat, ensuite, pour retrouver ses capacités.
LES FAITS
Philippe Herbel*, 45 ans, a contracté le Covid-19 en avril (il ne sait pas comment). Il a passé neuf jours en réanimation, suivis de trois mois d’hospitalisation.
IL A DIT
• Aggravation rapide.
« J’ai commencé à avoir des symptômes de “grippette”. Un test a confirmé : positif au coronavirus. Je me suis isolé. Une semaine après, un matin, j’ai eu des vertiges, ça n’allait pas. Quand la personne qui m’apportait chaque jour des courses est arrivée, je lui ai demandé d’appeler les pompiers. Ensuite, aucun souvenir. Mon état s’est dégradé très vite. Plus tard, j’ai lu dans mon dossier que j’avais reçu de l’oxygène, puis que j’avais été placé dans le coma et intubé. »
• Réveil attaché.
« Je me suis réveillé neuf jours plus tard, début mai, attaché au lit. En réa, les poignets sont liés car si on arrache le tube placé dans la gorge, on risque de s’étouffer ou de se blesser. De plus, pour le replacer, on doit nous replonger dans le coma. Au réveil, je n’avais aucune conscience de mon corps, je ne sentais pas mes membres, je ne savais pas si j’étais allongé ou assis. Il y avait des fils et des machines partout. »
• Paranoïa.
« J’ai eu des hallucinations visuelles et auditives. C’est notamment lié aux produits chimiques administrés pendant le coma artificiel. Par exemple, je voyais des militaires tirer sur des voitures. J’avais peur qu’un des infirmiers me tue… J’ai demandé une tablette pour indiquer que je ne voulais pas rester seul avec lui, mais je n’ai pas réussi à écrire. Je suis devenu fou. Un soir, désintubé, j’ai voulu m’enfuir, mais je ne suis pas allé plus loin que le bord de mon lit. Petit à petit, ma lucidité est revenue.
• Douleurs inimaginables.
« Pendant le coma, des nerfs du bas de ma colonne vertébrale ont été comprimés, sans doute quand on me retournait, malgré les précautions des soignants. À mon réveil, mes deux pieds étaient inertes. Je ressentais des douleurs inimaginables, inhumaines, comme un feu d’artifice dans chaque pied 24 heures sur 24. J’avais envie de les arracher. Mes reins étaient à l’arrêt. Je suis resté plusieurs semaines sous dialyse, ce qui m’empêchait de prendre les doses d’antidouleurs nécessaires : mes reins ne pouvaient pas les évacuer. Maintenant ça va, je sens mes pieds, même si je porte des attelles et que je n’ai pas tout récupéré. J’ai un traitement de cheval contre les douleurs. Je ne sais pas s’il durera des mois, des années, toute ma vie. Moi qui n’avais aucune maladie, j’ai aussi fait de l’hypertension et du diabète. »
• Rééducation.
« À mon réveil, je ne savais plus rien faire, comme un bébé. Vous avez même une sonde urinaire et des couches! On vous change, on vous lave deux fois par jour. Il faut commencer la rééducation très tôt, réapprendre à faire des gestes qui, normalement, sont automatiques. Le corps et le cerveau sont explosés, il faut remettre les pièces dans l’ordre et en marche. Si on se laisse aller, on devient un légume. Au bout d’un moment, j’allais mieux, mais j’étais encore trop faible pour me faire à manger, par exemple. Pendant un temps, j’avais peur de sortir dans la rue, avec mon déambulateur : je voyais tout ce que les autres faisaient et dont j’étais désormais incapable. »
• Antichambre de la mort.
« Les gens pensent qu’en réa, on vous endort, on vous soigne et on vous réveille. Pas du tout, c’est très violent, une bataille phénoménale! La réa, c’est l’antichambre de la mort. Le cerveau est déprogrammé. Quand je lis qu’il y a tous ces gens en soins critiques, je me sens touché. Je suis passé à deux millimètres de la mort. Après ça, j’ai été obsédé par la mort. Une psy m’a aidé. Je me dis que la mort est entrée en moi neuf jours, je l’ai expulsée et je suis reparti dans la vie. Ma première décision a été de ne pas retourner travailler, de me concentrer sur ma reconstruction physique, mentale et intellectuelle. À un moment, je dormais cinq à six heures par jour, en plus de ma nuit de sommeil : une simple marche était épuisante. Mais j’ai eu de la chance : mes poumons fonctionnent, je fais du sport en fonction de ce que mes pieds me permettent. Mais les situations diffèrent selon les personnes. »
• Soignants.
« Il faut reconnaître la maîtrise technologique et la compétence des médecins, l’investissement personnel des soignants. Ils travaillent 12 heures d’affilée! Ils arrivent dans votre chambre avec le sourire alors qu’à côté, ils ont vu un patient mourir. Ils vous stimulent, ils sont là pour vous faire vivre. Ils sont exceptionnels. »
• Vaccin.
« La désinformation autour de la vaccination m’énerve. Quand j’ai eu le Covid, le vaccin n’était pas disponible pour les personnes de mon âge. Si on peut éviter ce que j’ai vécu… On se focalise sur les morts, mais je connais une dame qui est restée paralysée du haut du corps après la réa. Et on ne connaît pas les séquelles à long terme du virus, même pour les formes asymptomatiques. Je suis à 100 % pour vacciner tout le monde. » *Nom d’emprunt.